Les orphelins à l'école

La Fondation OCIRP a fait du sujet des orphelins à l'école une thématique centrale de son action. Elle met à disposition, sous différentes formes, des informations précieuses et fiables pour sensibiliser tous les acteurs et aider les professionnels de l'éducation à accompagner au mieux les orphelins à l'école.

Un petite fille portant un sac à dos marche en tenant la main d'une femme.
Agir pour les orphelins

Un paradoxe éducatif

La France compte entre 600 000 et 650 000 orphelins de moins de 25 ans.

  • Un élève orphelin par classe jusqu’à la troisième,
  • deux au lycée.
  • Deux tiers d’entre eux disent éprouver des difficultés scolaires liées au décès de leur parent, qu’il soit récent ou éloigné dans le temps*.

L’école est constamment en contact avec des orphelins, pourtant elle est très mal préparée à prendre en compte ces situations. En effet, alors que le décès du ou des parents relève de la sphère privée, l’école, du primaire au lycée, ne doit pas ignorer ce phénomène.

Dans un moment où la famille est déstructurée par un tel événement, l’école apparaît comme un environnement stable. Cependant, l’école est aussi source de changements pour l’orphelin, en particulier dans le regard des autres.

*Enquête sur les orphelins à l’école, OCIRP/Ifop, 2017

610 000

orphelins de moins de 25 ans (source INED 2015)

72 %

d'orphelins de père

Quelles conséquences sur la scolarité et la vie à l’école ?

La perte d’un ou des parents place l’enfant et l’adolescent dans une situation de plus grande vulnérabilité. Les conséquences sur son développement peuvent être nombreuses, mais varient d’un enfant à l’autre. Pour certains, le décès du parent a de lourdes conséquences sur la vie à l’école :

  • Des difficultés cognitives,
  • un décrochage ou à l’inverse un surinvestissement,
  • une érosion de l’image de soi,
  • le sentiment d’être « à part »,
  • une perte de repères,
  • des difficultés relationnelles, voire, des troubles du comportement.

"Pendant au moins plusieurs mois, même quand je suis rentrée en seconde, je n’arrivais pas à passer le cap. C’était vraiment une sale période en fait.
Au collège, on m’a conseillé d’aller voir l’infirmière scolaire, mais moi je ne voulais pas. Même ma mère, elle a essayé de me faire voir un psy ou quoi, mais je n’ai jamais voulu parce que je ne me sentais pas prête
En fait, je gardais tout pour moi, je n’avais pas envie de raconter ce qui se passait. C’était comme une espèce de carapace. Je ne voulais pas en parler. J’avais une espèce de blocage. Pour moi, c’était encore trop dur."

Témoignage de Manon

Elève au collège

Comment faire face à la souffrance ?

Face à cette souffrance, le personnel éducatif ne sait pas toujours que faire. Faut-il en parler avec l’enfant, avoir des attentions particulières ? Faut-il aborder le sujet avec la classe ? Quelles dispositions mettre en place ? Pourtant, les enseignants ont un rôle à jouer pour aider l’enfant et la classe à surmonter le traumatisme que peut constituer cet évènement dramatique.

Pour répondre à ce manque d’information, dès sa création la Fondation s’est saisie du sujet. A ce jour, deux enquêtes ont été menées pour palier l’absence de données sur les orphelins et leur vécu, un dispositif « Être orphelin à l’école » a été conçu à destination des personnels éducatifs. La Fondation a également pris part à la consultation citoyenne des États Généraux de l’Éducation visant à améliorer l’éducation en France et initié la diffusion d’une tribune : « Ne laissons pas un élève orphelin faire le deuil de sa réussite ».

La mise à disposition de ces ressources s’inscrit dans le cadre de cette campagne de sensibilisation. Toutes nos ressources sont sont en accès libre et gratuit.

La Fondation OCIRP soutient également de nombreux projets, notamment des projets de recherche sur l’orphelinage.

Enfants qui travaillent

Le dispositif « Être orphelin à l’école »

Pour aider les enseignants à accompagner les élèves en deuil et prévenir les risques de décrochage scolaire, la Fondation OCIRP a édité un Guide pratique, en collaboration avec des professionnels de l’éducation, et avec le soutien du Conseil scientifique de l’Éducation nationale. En paralèlle, un film sur les orphelins à l’école a été réalisé. Il apporte témoignages et paroles d’experts.

"Après la mort de mon père, c’est mon prof principal qui a été le plus important pour moi parmi mes profs. Parce que c’est lui qui a été le plus présent. Comme c’était mon prof principal, c’est lui que j’avais le plus souvent.
De manière générale, j’ai trouvé que mes profs ont bien réagi. Déjà, ils sont venus me voir pour me demander si je voulais parler. Ils m’ont dit que si je voulais parler, qu’ils sont là et que s’il y a un problème, ils sont là. Ça m’a fait du bien.
Il y en a qui sont venus et je n’avais pas forcément envie qu’ils viennent. Il faut aimer le prof quoi. Les profs je les aime bien, ça dépend lesquels."

Témoignage de Myriam

Elève au Lycée
Enfants souriants à l'école

Enquête « École et orphelins » 2020

Seconde enquête initiée par la Fondation pour agir pour les orphelins, elle porte cette fois sur les préoccupations des enseignants face à l’accompagnement des élèves en situation de deuil en période de Covid.

Enseignant tenant la porte pendant que les élèves sortent, les écoliers souriants sont heureux de rentrer à la maison

Enquête « École et orphelins » 2017

Une première enquête nationale inédite  : « École et orphelins : mieux comprendre pour mieux accompagner », initiée par la Fondation OCIRP en partenariat avec l’Ifop.

"Voici un exemple de bonne gestion de l’événement : quand le décès survient, la vie scolaire et l’administration prennent contact avec la famille. Après l’infirmière scolaire est mise au courant. Les infirmières scolaires sont très présentes dans les établissements et c’est vraiment le pivot dans ce cas-là. Après c’est assez simple, l’information est redonnée au professeur principal et le professeur principal, après, redonne l’information à son équipe. Ce qui fait que tout le monde est au courant, ce qui permet concertation avec le professeur principal qui peut, lui aussi, faire concertation avec les collègues pour voir quelle est la réaction la plus appropriée.
Par contre, l’annonce en classe, c’est très compliqué, ce n’est même pas utile dans le sens où les copains étant au courant, les copains vont le dire à d’autres copains et très rapidement tout le monde est déjà au courant quand le gamin revient. Il n’y a pas besoin de passer par l’annonce en classe qui peut être assez stigmatisante."

Témoignage de Damien

Professeur d'anglais

"On a régulièrement des cas d’enfants qui ont perdu un parent ou qui ne voient plus un parent pour telle ou telle raison. Alors une année, j’ai dit à mes collègues : « La fête des Mères, ce n’est pas possible. Ce n’est pas possible de demander à un gamin dont la maman est en train de mourir de lui faire un cadeau. ».
Donc on a supprimé le traditionnel cadeau de fête des Pères et de fête des Mères pour faire quelque chose de mieux.
On faisait atelier cuisine en maternelle pour préparer un buffet aux parents. On faisait un petit concert, c’était portes ouvertes et ça s’appelait « La fête des familles ». Tout le monde y trouvait son compte et c’est devenu très populaire."

Témoignage de Ariane

Directrice d'école